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Précédemment dans Death Stranding …

Avant de rentrer dans le vif du sujet, un rapide rappel du premier Death Stranding s’impose. Le second épisode étant sa suite directe, il serait dommage de passer à côté des éléments clés…

Le Death Stranding est un événement surnaturel ayant brisé la barrière entre le monde des morts et celui des vivants. Depuis, les âmes errantes des défunts — appelées les « échoués » — hantent la Terre, à la recherche de leur propre corps. S’ils parviennent à le retrouver, cela déclenche une explosion cataclysmique appelée Néantisation. Pour survivre, les humains se sont reclus dans des refuges isolés, vivant dans la peur et la solitude.
Pour tenter de rétablir les liens entre ces communautés, la société Bridges fonde les UCA (United Cities of America). Des porteurs, assistés d’unités BB (abréviation de Brise-Brouillard) — des bébés prématurés maintenus dans un cocon technologique leur permettant de détecter les échoués — sont chargés de cette mission titanesque.

Dans le premier jeu, vous incarniez Sam Porter Bridges, un porteur d’élite. Équipé de BB-28, vous avez peu à peu reconnecté les UCA, tout en nouant un lien profondément humain avec votre BB. À la fin de l’histoire, vous refusez de le rendre aux autorités, décidez de rompre le protocole, et l’élevez comme un enfant normal, que vous appelez « Lou ».

Et maintenant …

Death Stranding 2 débute onze mois plus tard. Sam vit en retrait du monde, dans un abri isolé, et élève Lou, désormais libre de son cocon, comme une enfant à part entière. Une paix fragile, qui ne dure pas : il est bientôt contacté par Fragile, une ancienne alliée du premier opus, qui lui demande de l’aider à reconnecter plusieurs villes situées au Mexique, pendant qu’elle s’occupera elle-même de Lou.

Ces premières missions, faisant office de tutoriel, prennent rapidement une tournure plus dramatique. À son retour, Sam découvre que son abri a été attaqué. Lou est de nouveau enfermée dans une capsule BB, et un portail étrange, reliant le Mexique à l’Australie, a été activé. Il est alors chargé de poursuivre les assaillants à travers ce passage inédit.

L’aventure peut alors véritablement commencer, portée par de nouvelles questions : qui en veut à Lou, et pourquoi ? Quelle est la nature exacte de ce portail reliant deux continents distants ? Et surtout… Le passé de Sam le laissera-t-il enfin en paix ? À vous de marcher à nouveau.
Gameplay et mécaniques : dans les pas du premier opus, avec quelques détours

Comme vous vous en doutez après lecture de cette petite introduction, Death Stranding 2 ne bouleverse pas fondamentalement les bases posées par le premier opus. En termes de gameplay et de mécaniques, on reste donc en terrain connu. Des missions vous seront confiées, et il vous faudra rejoindre une base par vos propres moyens afin de la connecter aux UCA… puis recommencer ailleurs.

Les déplacements de Sam restent conditionnés par la quantité de matériel qu’il transporte. Heureusement, il peut toujours compter sur un panel d’outils familiers : échelles, routes, ponts, tyroliennes, etc. (tout ce que vous construisez est partagé en réseau, donc certaines structures créées par d’autres apparaîtront chez vous également). Tout ce qui facilite la progression dans un monde encore une fois vaste, accidenté et parfois hostile. Bref, une copie quasi conforme du gameplay de Death Stranding, avec ce même équilibre délicat entre effort physique, préparation, et satisfaction du chemin parcouru.

Mais quelques évolutions notables viennent moderniser l’expérience. Tout d’abord, Fragile met à votre disposition un imposant vaisseau, permettant de voyager rapidement entre plusieurs bases déjà connectées (mais pas toutes, évidemment — l’exploration reste centrale). Ensuite, les zones hantées par les échoués — omniprésentes et parfois frustrantes dans le premier jeu — sont désormais moins nombreuses, et un peu plus lisibles dans leur traversée. En revanche, de nouvelles zones apparaissent, gardées cette fois par des soldats humains ou mécaniques. Il vous faudra parfois les traverser ou y récupérer un objet essentiel. À vous de choisir entre la confrontation directe (votre arsenal s’étoffant progressivement) ou l’infiltration, plus lente mais aussi plus discrète.
Dans l’ensemble, le gameplay reste donc très fidèle à l’original, ce qui en fera le bonheur des fans comme la frustration de ceux qui n’avaient pas accroché à la formule. Et cela ne le rend pas plus facile : il vous faudra de nombreuses heures pour en comprendre toutes les subtilités, et en tirer le meilleur.

Un monde en ruine, mais sublime — et des amis en or

Le monde de Death Stranding 2 reste aussi inhospitalier qu’il est grandiose. Les environnements sont vastes, souvent désolés : roches fracturées, collines battues par les vents, déserts arides, montagnes enneigées. À cela s’ajoutent des éléments naturels toujours prêts à contrarier vos plans : pluies corrosives, tempêtes de sable ou de neige, torrents en furie. Autant dire qu’il ne s’agit pas d’une promenade de santé, mais d’une lutte permanente contre les éléments.
Et pourtant, malgré cette hostilité constante, le monde est d’une beauté saisissante. Grâce au Decima Engine, le jeu offre une profondeur de champ vertigineuse, des panoramas à couper le souffle et une finesse de détails rarement vue sur console. Tout ce que l’on aperçoit au loin est potentiellement atteignable — si tant est que vous soyez prêt à faire l’effort de vous y rendre. Techniquement, c’est un sans-faute : textures riches, gestion de la végétation, faune discrète mais crédible, éclairages dynamiques, physique réaliste… Même en optant pour le mode « Graphismes », le jeu conserve une fluidité exemplaire, y compris dans les séquences les plus intenses.
À cette prouesse visuelle s’ajoute une galerie de personnages toujours aussi marquante, comme le veut la tradition Kojima. Sam, bien sûr, est de retour, plus touché que jamais par ce qui arrive à Lou. Mais il est accompagné de figures attachantes et parfois mystérieuses : Fragile, de retour dans une performance subtile de Léa Seydoux, mais aussi Rainy, Tomorrow, Heartman et d’autres visages que je vous laisse découvrir, chacun magistralement interprété par son acteur respectif. Du côté des antagonistes, sans trop en dévoiler, sachez que l’opposition est à la hauteur, à la fois inquiétante et charismatique.

Enfin, l’animation des personnages — que ce soit en phase de jeu ou dans les (nombreuses) cinématiques — atteint un niveau de photoréalisme impressionnant. Le passage du gameplay à la mise en scène se fait sans transition visible, renforçant l’immersion dans ce monde suspendu entre la vie, la mort et ce qu’il reste à reconstruire entre les deux.

Le voyage compte autant que la destination

Dans Death Stranding 2, atteindre un lieu est rarement une fin en soi. C’est le trajet, le cheminement, qui façonne réellement l’expérience. Chaque mission est une invitation à la préparation minutieuse : choisir l’équipement adapté, répartir le poids de la cargaison, charger un véhicule ou non, anticiper les conditions du terrain. Rien n’est laissé au hasard, et chaque détail compte.

Avant même de faire le premier pas, il faut tracer sa route. Passer par des points intermédiaires pour effectuer des livraisons secondaires ? Prendre le chemin le plus court, mais plus risqué, ou le détour plus long et sécurisé ? Chaque choix implique des compromis entre efficacité, sécurité et opportunités de progression. Le monde est vaste, souvent imprévisible, et chaque voyage devient une forme de puzzle logistique où la stratégie fait toute la différence.

Mais ne vous attendez pas à une traversée monotone et linéaire. Le jeu aime vous surprendre. Des événements inattendus surgissent régulièrement : effondrements de terrain, tempêtes surgissant de nulle part, embuscades ennemies, ou encore séquences oniriques où Sam se retrouve projeté dans des souvenirs — ou des réalités alternatives — aussi troublants que déroutants. Ces instants, à la frontière entre rêve et mémoire, font partie des grands mystères du jeu. Kojima, fidèle à lui-même, joue avec la narration, la temporalité, et parfois même avec vos certitudes.

C’est cette capacité à réinventer le voyage, à troubler la routine et à densifier chaque pas que vous ferez, qui fait de Death Stranding 2 bien plus qu’un jeu de livraison : c’est une odyssée sensorielle et mentale, où chaque déplacement devient une aventure en soi.

Conclusion

Tient-on ici le chef-d’œuvre ultime d’Hideo Kojima ? Difficile à dire tant l’homme a déjà marqué l’histoire du jeu vidéo à plusieurs reprises. Mais Death Stranding 2 : On the Beach s’en approche dangereusement. Porté par un gameplay riche, une aventure longue, étrange et bouleversante, et une réalisation technique presque irréprochable, le jeu s’impose comme l’un des titres les plus ambitieux de la PlayStation 5. À cela s’ajoute une direction artistique remarquable, un casting cinq étoiles, des cinématiques dignes du cinéma d’auteur, et une bande-son une nouvelle fois envoûtante. L’expérience est aussi singulière qu’émotive.

Si vous avez aimé le premier volet, alors la suite vous tend les bras sans hésitation. Mais même si vous aviez été déstabilisé à l’époque, il est peut-être temps de retenter l’aventure. Death Stranding 2 ne cherche pas à plaire à tout le monde, mais à ceux qui accepteront de s’abandonner à son rythme et à sa vision. Et pour ceux-là, le voyage pourrait bien être inoubliable.

Ce jeu est pour vous si :

  • Vous avez aimé le premier Death Stranding et souhaitez approfondir son univers et ses personnages.

  • Vous appréciez les jeux narratifs, contemplatifs, à forte charge émotionnelle.

  • Vous êtes curieux de vivre une expérience vidéoludique atypique, où la marche et la solitude deviennent des mécaniques à part entière.

Ce jeu n'est pas fait pour vous si :

  • Vous n’avez pas accroché au gameplay du premier opus ou êtes allergique aux jeux à rythme lent.

  • Vous cherchez une expérience d’action nerveuse ou un jeu plus classique dans sa structure.

  • Vous avez du mal avec l’approche narrative très particulière de Kojima, entre introspection, symbolisme et bizarrerie assumée.

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