La naissance d’un fantôme …
Les terres d’Ezo seraient hantées. La rumeur court qu’un onryō – un esprit vengeur – traquerait de terribles hors-la-loi : les Six de Yōtei. Ces brigands auraient massacré sa famille seize ans plus tôt, et cet onryō, une femme, serait bien déterminée à les éliminer un par un afin d’imposer sa vision de la justice et venger la mort de sa mère, de son père et de son frère.
Cet onryō, nommé Atsu, est donc le personnage que vous incarnerez durant l’aventure. À ce titre, elle se démarque scénaristiquement du héros du jeu précédent, Ghost of Tsushima. En effet, si Jin Sakai était au départ un samouraï devenu rônin puis héros de son île (le « fantôme » de Tsushima), Atsu, elle, est perçue comme un fantôme par le peuple d’Ezo dès le début de son histoire. Reste à voir comment sa quête évoluera, et comment elle affectera à la fois le monde et elle-même.
L’introduction du jeu nous fera d’ailleurs rencontrer la première des six cibles de notre héroïne : un membre des Six de Yōtei connu sous le nom du Serpent. Après une mise en scène digne des meilleurs westerns et un rapide combat contre quelques hommes de main servant de tutoriel, l’affrontement contre le Serpent lancera véritablement le jeu. Atsu débarquera ensuite dans les plaines d’Ezo pour poursuivre sa quête dans un monde ouvert représentant l’île d’Ezo au Japon (aujourd’hui appelée Hokkaido).
Les terres d’Ezo
Dès l’arrivée d’Atsu dans la plaine au pied du mont Yōtei, un constat s’impose : le jeu va être magnifique. Si le combat contre le Serpent avait déjà donné le ton en termes d’ambiance, cela se confirme rapidement : la qualité technique place la barre très haut. Que ce soient les hautes herbes qui virevoltent au gré du vent, les ombres et éclairages dynamiques selon les lieux ou la météo, ou encore le réalisme du monde ouvert avec la diversité des éléments présents — villages, fermes isolées, écoles d’armes, camps ennemis, voyageurs solitaires ou groupes de bandits — l’ensemble offre un rendu organique tourné vers le réalisme.
La région d’Ezo étant divisée en six zones principales (toutes connectées entre elles), l’occasion est idéale pour varier les décors. Si l’aventure débute dans de grandes plaines, vous visiterez ensuite — dans l’ordre que vous souhaitez — des zones plus accidentées, des montagnes enneigées, des marais, des régions côtières, et bien d’autres encore. Et il ne s’agit là que des environnements naturels, car qui dit présence humaine dit également villes, villages, temples à explorer ou encore châteaux dans lesquels s’infiltrer.
En tant que jeu en monde ouvert, Ghost of Yōtei coche la plupart des cases du genre, avec de nombreuses activités en plus de l’histoire principale. Les tanières de loups, par exemple, vous enverront secourir des loups capturés afin d’augmenter votre affinité avec cet animal. Les bains chauds et les défis de bambous permettent respectivement d’augmenter votre santé maximale et vos points de concentration (utiles en combat). Les quêtes de chasseur de primes vous offriront de l’argent bien mérité et, comme de bien entendu, les habituels camps ennemis à nettoyer sont toujours présents. D’autres quêtes secondaires apparaîtront ici et là, avec des personnages et un contexte scénaristique plus convaincants que d’habitude. Certaines sont même assez longues et vous permettront d’obtenir de nouvelles armes ou armures : ne les négligez pas !
Donner la mort peut se faire de bien des manières
Si, en termes de technique et de contenu, Ghost of Yōtei propose du lourd, le gameplay n’est évidemment pas en reste. Le système de combat repose sur un trio défense / contre / attaque. Un contre placé au bon moment permet de déstabiliser l’adversaire et de lui infliger des coups critiques. Mais soyez prudents : toutes les attaques ennemies ne peuvent pas être contrées, et certaines pourraient même vous désarmer !
Au début de l’aventure, Atsu ne possède qu’un katana (celui de son père) aux capacités limitées, mais cela va vite évoluer. En effet, chaque arme dispose d’un arbre de compétences permettant d’acquérir de nouvelles techniques ou d’améliorer celles existantes. De plus, au fil du jeu, d’autres armes pourront être obtenues via les enseignements de leurs maîtres respectifs : le double katana, l’odachi (un long sabre), la yari (lance) ou encore le kusarigama (faucille au bout d’une chaîne). Chacune avec son propre arbre de compétences, ses forces et ses faiblesses : l’odachi est lent mais redoutable contre les ennemis massifs, le double katana peut déstabiliser les adversaires équipés de lances, tandis que le kusarigama permet de briser certains boucliers. Comme si cela ne suffisait pas, Atsu aura également accès à des armes à distance (arc, arc long, bombes à lancer, baïonnette) ainsi qu’à des armes rapides à utiliser entre deux coups de katana (kunai, pistolet).
Bref, vous aurez largement de quoi faire voir de toutes les couleurs à vos ennemis. Et ce sera bien nécessaire, car vous serez très souvent assailli de toutes parts, vos adversaires n’hésitant pas à vous attaquer à quatre ou cinq contre un. Heureusement, Atsu pourra compter sur l’aide ponctuelle d’un loup (selon votre affinité avec lui) ainsi que sur un pouvoir « Onryō » déclenchant une fureur capable de terroriser temporairement les ennemis. Bien évidemment, vous aurez la possibilité d’aborder la plupart des situations comme vous le souhaitez : l’infiltration est possible dans de nombreux cas, et les éliminations silencieuses permettent de réduire les forces en présence.
En plus de ses armes, Atsu pourra également acquérir, au cours des quêtes annexes, de nouvelles armures. Celles-ci auront des capacités d’attaque ou de défense différentes, mais pas uniquement : certaines permettront de se déplacer plus discrètement, d’autres offriront une meilleure résistance à certains types d’armes ou de conditions environnementales. À vous de choisir celle qui vous convient le mieux.
Enfin, Atsu pourra s’équiper de charmes. Ces objets permettent chacun d’augmenter certaines compétences (force avec une arme en particulier, vitesse de récupération de concentration, etc.). Les façons de les obtenir seront multiples, allant du simple achat auprès d’un marchand à la résolution d’une quête annexe.
Un fantôme, oui mais pas toujours seul
Enfin, je ne pourrais pas terminer ce test sans parler de l’aspect narratif de Ghost of Yōtei. Si l’objectif de notre héroïne est clair dès le début du jeu – venger le massacre de sa famille en éliminant chacun des membres des Six de Yōtei – cette quête évoluera peu à peu au sein d’un contexte scénaristique plus large. En effet, le seigneur Saitō (chef des Six de Yōtei) et ses sbires contrôlent initialement les terres d’Ezo, mais des samouraïs envoyés par le shogun sont également présents pour reconquérir la région. Ils pourront donc parfois apparaître comme des alliés… tout comme devenir de potentiels obstacles.
Comme mentionné plus haut, la quantité de quêtes annexes est conséquente. Et si leur écriture est souvent bien pensée et s’intègre naturellement à la quête d’Atsu, les nombreux personnages secondaires que vous rencontrerez sont tout aussi réussis. Qu’il s’agisse d’alliés, d’ennemis, de maîtres d’armes ou de simples PNJ avec lesquels interagir, il y aura beaucoup d’histoires à découvrir et à apprécier. Personnellement, j’ai très rarement été déçu à ce niveau-là : un bon point qui mérite d’être souligné.
Seul défaut, l’animation de beaucoup de visages en dehors des personnages principaux est assez sommaire et statique. C’est dommage car un tout petit effort sur ce point aurait été un vrai plus. Mais là je chipote.
Conclusion
Après l’excellent Ghost of Tsushima, Ghost of Yōtei était clairement attendu au tournant. Et force est de constater que l’élève dépasse le maître sur bien des points. Si la prouesse technique était prévisible (logique, avec une nouvelle génération de consoles), elle impressionne tout de même lorsqu’on la compare à de nombreux titres actuels.
Ensuite, que ce soit en termes de contenu, de qualité d’écriture, de gameplay ou d’expérience globale, le jeu délivre le meilleur dans de nombreux domaines. Tout au plus pourra-t-on lui reprocher certains travers classiques des mondes ouverts, comme les listes interminables d’activités affichées sur la carte. Mais puisqu’il est tout à fait possible d’en ignorer la plupart et de se concentrer sur la quête principale, ce n’est pas un véritable problème.
Au final, Ghost of Yōtei offre une très belle aventure aux côtés d’Atsu, parvient même à surprendre le joueur à plusieurs reprises, et va bien au-delà de la simple suite. Du très bon !
Ce jeu est pour vous si :
Vous avez aimé Ghost of Tsushima et souhaitez vivre une nouvelle aventure avec un nouveau personnage.
Vous appréciez les jeux en monde ouvert et leur grande quantité de contenu.
Vous avez un intérêt pour le Japon en général.
Ce jeu n'est pas fait pour vous si :
Vous n’aimez pas les jeux en monde ouvert.
Vous recherchez avant tout un jeu d’action pur plutôt qu’une expérience narrative.
Le Japon médiéval ne vous attire pas particulièrement.
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