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Mais où est donc passé Carole ?

Votre aventure débute au début du XXᵉ siècle, dans l’orphelinat anglais de Bunny Hall. Vous y incarnez Lana Benton, une jeune fille attristée par la disparition récente de sa meilleure amie, Carole, et victime du harcèlement constant des autres pensionnaires, qui la jugent « bizarre ».

Alors qu’elle se réveille d’une sieste dans les jardins, une lettre portée par le vent atterrit à ses pieds. Etonnamment, elle est signée Carole. Mais avant que Lana n’ait le temps d’en lire le contenu, la lettre s’envole hors de sa portée. Sa curiosité soudain éveillée – comment une lettre de Carole a-t-elle pu lui parvenir ? – elle se met en quête de la rattraper. Cette séquence sert d’ailleurs de base au tutoriel du jeu.

À ce stade, Lana est encore loin de se douter que cette simple poursuite l’entraînera dans une aventure bien plus vaste, aux conséquences dépassant tout ce qu’elle aurait pu imaginer…

Un monde sombre mais dans lequel il faut garder espoir

Aux premiers coups d’œil, on comprend vite que Bye Sweet Carole possède une identité graphique bien à part. Si son esthétique s’inspire de la dark fantasy, son animation et certains de ses personnages évoquent un style “Disney” old-school qui lui confère un charme particulier. L’animation, entièrement réalisée à la main image par image, est d’ailleurs bluffante : Lana, le personnage que vous incarnez, court, saute et interagit avec l’environnement tout en donnant réellement l’impression de regarder un dessin animé. Les décors et les autres personnages – qu’ils soient amis ou ennemis – bénéficient du même soin d’animation.

Le scénario, découpé en chapitres, n’est pas en reste. Dans sa quête de réponses sur la disparition de Carole, Lana découvrira vite que les enjeux sont bien plus vastes qu’elle ne le pensait. Sans trop en dire, le jeu aborde des thèmes forts comme l’acceptation de soi, la frontière entre rêve et réalité, ou encore l’émancipation féminine – un sujet particulièrement pertinent dans le contexte historique du jeu.

Enfin, le titre propose de très jolies cinématiques animées, qui font le lien entre les chapitres ou soulignent les moments clés de l’intrigue.

Vous avez pensé à emporter une patte de lapin ?

Venons-en au gameplay. Globalement, Bye Sweet Carole est un jeu d’aventure 2D narratif dans lequel vous explorerez votre environnement, trouverez des objets pour résoudre des énigmes et devrez parfois vous cacher pour échapper au danger. Le jeu évoque par certains aspects le premier Clock Tower (pour ceux qui s’en souviennent), mais avec une réalisation bien plus moderne.

Lana peut se déplacer, inspecter l’environnement, déplacer ou utiliser des éléments et gérer un inventaire d’objets (certains pouvant être combinés). Rapidement, elle obtiendra une étrange faculté : se transformer en lapin, ce qui lui permettra de se faufiler dans des espaces étroits ou de rebondir sur des murs pour atteindre des zones plus hautes. Les nouvelles mécaniques sont introduites progressivement dans des zones tutoriels discrètes, et à aucun moment on ne se sent bloqué par un gameplay trop exigeant — un bon point.

Certaines séquences imposeront à Lana d’éviter la détection d’autres personnages. Sous forme humaine ou lapin, la discrétion sera souvent essentielle : attention aux objets qui tombent, pouvant alerter les ennemis, ou aux zones trop éclairées dans les passages sombres.

Par ailleurs, des phases de gameplay spécifiques viendront ponctuer l’aventure. Sans trop en révéler, Lana sera parfois accompagnée d’un second personnage avec lequel elle devra coopérer pour résoudre certaines énigmes, chacun ayant des capacités propres. Le jeu comportera aussi quelques séquences de QTE (par exemple lors d’une scène de danse, importante pour les jeunes filles à l’époque du récit) ainsi que de rares combats, Lana ne sachant pas se battre en temps normal.

Notez que Lana n’est pas une héroïne classique : elle subit davantage les événements qu’elle ne les domine. En conséquence, les façons de mourir seront nombreuses, souvent brutales… et parfois même illustrées par une courte animation souvent amusante (pour le joueur, du moins). Mais c’est en commettant des erreurs que vous l’apprendrez.

C’est son histoire

Difficile de parler de la progression sans trop en dévoiler. Divisé en dix chapitres, le jeu propose une évolution scénaristique riche. Entre l’objet à récupérer du début (la fameuse lettre envolée), les lieux oscillants entre réalisme, fantastique et horreur, ou encore les personnages secondaires aux comportements changeants, le joueur devra parfois réfléchir par lui-même plutôt que de se laisser porter par les événements comme le fait Lana. Et c’est sans doute le meilleur moyen d’apprécier pleinement l’expérience.

Car s’il s’agit d’un jeu et que celui-ci raconte l’histoire de Lana, elle-même se questionne sur celle de Carole, son amie disparue et dont le jeu porte le nom. C’est donc Lana qui son ’histoire autant que le joueur à travers elle. Et comme dans un très vieux livre, certaines lignes sont floues… et les surprises ne manqueront pas.

Conclusion

Inutile de tergiverser sur la direction artistique : on aime ou on n’aime pas. Pour le reste, Bye Sweet Carole s’impose comme un jeu d’aventure poétique et maîtrisé, misant sur l’ambiance, la narration et les énigmes plutôt que sur l’action.

Avec une douzaine d’heures de jeu pour une première partie, la durée de vie est très correcte. Mais l’intérêt principal du titre réside ailleurs : dans son univers singulier, son histoire touchante et son animation à l’ancienne belle et soignée.

Pour ma part, j’avais été séduit dès le trailer, et le jeu final n’a fait que confirmer mes attentes. Une belle réussite, à la fois sombre, émotive et envoûtante.

Ce jeu est pour vous si :

  • Vous aimez les jeux calmes, basés sur la résolution d’énigmes plutôt que sur de l’action

  • Vous aimez le côté dark fantasy et l’aspect dessin animé de l’animation du jeu

  • Vous êtes curieux de savoir ce qu’il a bien pu advenir de cette satanée Carole

Ce jeu n'est pas fait pour vous si :

  • Vous préférez les jeux d’action plutôt que de réflexion

  • Vous n’aimez pas l’aspect enfantin du jeu, même s’il est plutôt sombre et recherchez quelque chose de plus réaliste

  • Vous n’êtes pas particulièrement fan des jeux dans lesquels la narration tient une place importante

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